À l’intérieur de Montréal, le journaliste Louis-Philippe Messier se déplace surtout à la course, son bureau dans son sac à dos, à l’affût de sujets et de gens fascinants. Il parle à tout le monde et s’intéresse à tous les milieux dans cette chronique urbaine.
Les gros complexes cinématographiques traditionnels sont plus vides que jamais… mais de petites salles de quartier débordent.
« Es-tu fou ? Ne parle pas du Cinéma Moderne dans Le Journal ! » m’a supplié une amie, soucieuse de ne pas éventer le relatif secret de cette salle de 54 locations du boulevard Saint-Laurent, dont l’antichambre est un café-bar.
Pour se procurer des billets, il faut surveiller le calendrier et réserver plusieurs jours d’avance.
L’ambiance est conviviale, le maïs soufflé abordable, et on apporte sa pinte de bière avec soi dans la salle.
« Hitchcock disait qu’un movie ne doit pas durer plus longtemps que la capacité de la vessie humaine à se retenir », philosophe Jarrett Mann, le directeur de l’endroit.
OSCARS SUR GRAND ÉCRAN
Depuis jeudi, le Cinéma Moderne s’est mis en mode rattrapage de visionnement pour les movies nommés aux Oscars.
« J’ai sélectionné 13 movies qui seront aux Oscars pour donner aux gens l’event de les voir sur grand écran avant le dévoilement des résultats… et plusieurs représentations sont déjà vendues ou presque », se réjouit M. Mann.
La gérante Emmie Caron a conçu un cocktail spécial Oscars avec vodka, mousseux, sirop de poire et flocons dorés.
Pendant notre entrevue, des représentants du Pageant de Cannes écoutent des movies canadiens en rafale dans la salle afin d’en « présélectionner » certains.
De jour, la salle sert à des spécialistes de la postproduction qui y font de la colorisation.
« Des réalisateurs, des monteurs et des directeurs picture viennent travailler ici et ils présentent leurs précédents movies à notre public le soir », m’explique Alexandre Domingue, le propriétaire du Cinéma Moderne.
COMME À LA MAISON
M. Domingue a fondé il y a quatre ans son cinéma en s’inspirant de la « magie » des projections privées chez un ami dans un grand loft de la rue Sainte-Catherine.
Dans l’est de Montréal, la Station Vu, un autre petit cinéma, a aussi une programmation bien chargée.
Logé à la Casa d’Italia sur la rue Jean-Talon Est, le Cinéma Public remplit sa salle, même si un règlement sacrilège de la Casa interdit la consommation de maïs soufflé.
« Nous cherchons une nouvelle adresse qui sera aussi un lieu de vie communautaire », fait savoir Aude Renaud-Lorrain, la directrice.